Catherine Branger

Catherine Branger, Mars 2020

Patrice SolettiAllo? : 0:54

Pour la première fois une photographie sort de mon ordinateur, est imprimée en grand et est exposée, dehors…
Habituée à prendre des photos spontanément, sans préméditation, sans mise en scène depuis une vingtaine d’années, depuis l’arrivée de l’appareil numérique et maintenant de cet objet qui nous suit partout ; je ressens quotidiennement ce besoin de capter, de cadrer des réalités, des moments qu’ils soient saisis à l’atelier, sur le lieu de vie familiale ou dans les lieux « dédiés à l’art ». Comme un autre regard ou un regard porté sur un regard.
Pour accompagner cette démarche, le besoin et la volonté de dessiner plus régulièrement se fait depuis une quinzaine d’années, croquer les gens qui font ma vie, ceux que j’aime et qui m’entourent.
Le plaisir de saisir vite la vie, sans repentir, est constant. Celle que l’on voit et ressent grâce à la nôtre qui s’échappe par la pointe du feutre sur la page du carnet.
Les circonstances de ce confinement imposé ont déclenché ce besoin de sortir d’une autre manière. Un effet révélateur ?
Sortir de ses habitudes ou bien « sortir ses habitudes ».
Dans cette période si particulière où il était impossible de travailler à l’atelier dans les conditions habituelles (espace, solitude, silence, calme, concentration, matériaux) le besoin de peindre, de poser de la couleur est vite revenu, aussi fort et indispensable à mon équilibre. Des portraits peints de petit format sont nés de ceux qui sont là avec moi, heureusement.
Mais la peinture prisonnière d’une photo préserve-t-elle sa réalité ?
Qu’est-ce que regarder de la peinture ?  La peinture est-elle photographiable ?
Je ne veux pas mettre de mots sur cette image. Les mots fermeraient le champ des possibles. Juste regarder. Un tiroir ouvert dans lequel un portrait de jeune fille est posé par-dessus une feuille rayée de lignes, le tout rangé sur d’autres feuilles.
Je ne me rappelle plus si le tiroir s’ouvre ou se ferme. Si nous sommes à l’intérieur ou l’extérieur, si c’est dur ou doux.