Espace contraint/sujet libre – Textes des artistes

Textes proposés par les artistes pour accompagner leurs images

Benoit Luisière
27/03/2020 : jour 12.

Confronté à l’obligation de ne pas sortir et à la difficulté de produire des images quotidiennes que je me suis imposé pendant 56 jours, j’ai parfois photographié des images déjà faites.
L’image d’une image photographiée comme la superposition d’espaces contraints.

 

Bertrand Segonzac
Sans titre (Sweet Home), 2020, photographie couleur.

Sans titre (Sweet Home) n’est pas un hommage à Jean-Pierre Raynaud même si les fragments architecturaux présentés prennent valeur de trace physique, mémorielle et symbolique d’un espace de vie.

Le bloc de gravats et son porte-savon proviennent d’une cuisine des années Soixante. Comme dans les objets peints, il est toujours question d’un regard empreint de nostalgie « objective » et d’un doute profond quant à la légitimité des choix économiques qui sont à l’œuvre dans nos sociétés d’hyperproduction et de remplacements incessants des biens de consommation.

Abordée depuis des années par le biais de la peinture, la thématique des objets du quotidien trouve avec le projet « Sujet libre, espace contraint » l’occasion d’être montrée sous forme photographique. En raison du confinement, le travail de peinture à l’atelier, qui n’a pas eu lieu, a réhabilité l’image photographique. Ce temps de respiration forcée rend plus facile la mise à distance et l’abandon de certains réflexes. Il amène à s’autoriser ce qui au sein d’une pratique picturale n’a habituellement pas lieu, l’enfermement dans des processus de réalisation étant généralement à l’œuvre, quoi qu’on fasse pour y échapper.

L’image photographique prend sa petite revanche sur le tableau alors que ce dernier n’existe, depuis le début (dans ma recherche), que par des mécanismes de vampirisation des systèmes photographiques.

Respire…

 

Caroline Pandelé
Je continuerai à venir, 2020

Une phrase courte, texte blanc sur fond bleu acier ou vert eau. La nuance est imprécise, la surface est figée, mise à nu.

Les mots chuchotés du bout des lèvres s’articulent dans la bouche et dans les yeux comme une série d’indices laissés à terre ou en l’air.

Les murs sont sourds et aveugles ce soir. Il est temps de changer d’endroit.

La porte s’entrouvre puis se referme sur une image, une image floue.

Une invitation à venir, peut-être. Une rencontre prochaine, peut-être.

Dans la nuit noire, elle scintille hors de portée et le fou danse sous sa capuche au loin dans un coin. On se dissimule, c’est certain, reste à savoir pourquoi.

Caroline Pandelé, le 30 mai 2020

 

Cassandre Fournet
Vacances Post-Confinement Aquarelle sur papier 78×104 cm 2020
Et
Dernier voyage, Dessin numérique, 2020

J’ai pour habitude de réaliser énormément de photographies de paysages qui m’entourent. Des lieux qui évoluent, changent et se modifient de façon constante par le biais de l’humain comme la détérioration de bâtiments, le collage d’affiches, les tags… Mais également, comme présent sur cette peinture, l’abandon d’objets hors d’usage. Le temps entre également en jeu sous deux formes : son passage et les changements climatiques de notre quotidien, ce qui englobe cette notion d’éphémère et de captation de l’instant présent. J’ai choisi de réaliser cette peinture durant ces deux mois de confinement car, par l’aspect ironique du titre et du sujet, elle symbolise pour moi la métaphore des vacances de beaucoup de Français, attendues toute l’année et qui cette année sont pleines d’incertitude.

Habituellement mes dessins numériques ne restent qu’au stade de croquis et n’ont pas pour but d’être exposés. Durant ce confinement, j’ai décidé de changer ma manière de travailler et de développer cette pratique du dessin numérique avec plus de détails mais aussi plus de contrastes, d’ombres… Ce dessin est tiré d’une série de dessins numériques intitulés Dernier voyage. J’ai choisi de nommer cette série par ce titre car il s’agit du dernier voyage que j’ai pu effectuer en toute simplicité, sans barrières et surtout sans cette psychose du virus que nous vivons maintenant quotidiennement. A mes yeux, ce dernier voyage me laissera comme un goût amer du souvenir de notre « ancienne vie ».

Ce dernier voyage c’était New York en janvier 2020.

 

Catherine Branger
« Mars 2020 »

Pour la première fois une photographie sort de mon ordinateur, est imprimée en grand et est exposée, dehors…

Habituée à prendre des photos spontanément, sans préméditation, sans mise en scène depuis une vingtaine d’années, depuis l’arrivée de l’appareil numérique et maintenant de cet objet qui nous suit partout ; je ressens quotidiennement ce besoin de capter, de cadrer des réalités, des moments qu’ils soient saisis à l’atelier, sur le lieu de vie familiale ou dans les lieux « dédiés à l’art ». Comme un autre regard ou un regard porté sur un regard.
Pour accompagner cette démarche, le besoin et la volonté de dessiner plus régulièrement se fait depuis une quinzaine d’années, croquer les gens qui font ma vie, ceux que j’aime et qui m’entourent.
Le plaisir de saisir vite la vie, sans repentir, est constant. Celle que l’on voit et ressent grâce à la nôtre qui s’échappe par la pointe du feutre sur la page du carnet.
Les circonstances de ce confinement imposé ont déclenché ce besoin de sortir d’une autre manière. Un effet révélateur ?
Sortir de ses habitudes ou bien « sortir ses habitudes ».
Dans cette période si particulière où il était impossible de travailler à l’atelier dans les conditions habituelles (espace, solitude, silence, calme, concentration, matériaux) le besoin de peindre, de poser de la couleur est vite revenu, aussi fort et indispensable à mon équilibre. Des portraits peints de petit format sont nés de ceux qui sont là avec moi, heureusement.
Mais la peinture prisonnière d’une photo préserve-t-elle sa réalité ?
Qu’est-ce que regarder de la peinture ?  La peinture est-elle photographiable ?

Je ne veux pas mettre de mots sur cette image. Les mots fermeraient le champ des possibles. Juste regarder. Un tiroir ouvert dans lequel un portrait de jeune fille est posé par-dessus une feuille rayée de lignes, le tout rangé sur d’autres feuilles.

Je ne me rappelle plus si le tiroir s’ouvre ou se ferme. Si nous sommes à l’intérieur ou l’extérieur, si c’est dur ou doux.

 

Chiara Scarpone
Le Grain Magique, 21×29,7 cm, crayon sur papier.

Illustratrice et chanteuse italienne installée à Toulouse depuis Janvier 2018. Mon travail se nourrit d’un imaginaire très riche lié aux contes, aux légendes et à l’esprit blues de la musique populaire du monde. Le titre de mon illustration rend hommage au livre « Le Grain Magique » de Taos Amrouche, un ensemble de contes, poèmes et proverbes berbères de Kabylie.

« Que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil … »

 

Fabrice Cazenave
How trees secretly talk to and share with each other and me
Crayon et mine de plomb, graphite, 20 x 29 cm, 2020.

Selon Jakob von Uexküll et Thomas A. Sebeok, l’Umwelt désigne l’environnement sensoriel propre à une espèce ou un individu, traduit en Français par l’expression « monde propre ». Ce concept est à la croisée des chemins entre la biologie, la communication et la sémiotique chez l’animal humain et non-humain, et même dans le règne végétal. La théorie de von Uexküll explique que des organismes, bien que partageant le même environnement peuvent néanmoins avoir l’expérience de différents « mondes propres ». Ainsi, une abeille qui partage le même environnement qu’une chauve-souris, ne vivra pas pour autant dans le même monde sensoriel. L’abeille étant sensible à la lumière polarisée et la chauve-souris aux ondes issues de l’écholocation (choses leur étant réciproquement inaccessibles) auront une perception différente de leur univers au travers du prisme de leurs sens propres. J’explore dans cette série de 30 dessins l’énigme du monde visible et les limites de la rationalité. Ainsi je reproduis fidèlement des vues microscopiques de racines, de mycélium, mais aussi de neurones ou encore d’organes sensitifs de papillon. Toutes ces images sont collectées sur Google non pour ce qu’elles représentent réellement mais plutôt pour ce qu’elles évoquent une fois mises en parallèle. Des formes larvaires, racinaires, formant des réseaux complexes d’organes sensibles, curieux et rampants, qui chercheraient à entrer en relation avec leur environnement et à briser le mur invisible des mondes propres. Racine principale, secondaire, racine charnue, ligneuse, tubéreuse ; racine séminale ; racine d’ancrage ; collet, poils absorbants… Des sortes d’organes « extra-sensoriels », des capteurs sensitifs qui nous permettraient d’entrer en contact avec l’énergie qui circule entre tous les êtres vivants. Des images étranges d’un monde fantastique rapporté à échelle humaine. L’utilisation du graphite et de la mine de plomb confère à ces dessins un rendu métallique, argenté et sombre qui les renvoie à la photographie scientifique dont ils sont issus.

  

Isabelle Souriment
Le ciel de ma planète, 2020
56 photographies prises pendant le confinement.

Lever les yeux pour compter le temps

Ce projet est né d’un besoin de repères. Telle une préparation à un entraînement, je souhaitais, à ma manière, me mettre en condition dès le premier jour du confinement. Je connaissais l’étourdissement que peut provoquer la perte de repères.
Jour après jour, mon point de repère, c’est le ciel. Même confinée, il y a cet espace qui joue avec la lumière et le rythme des journées. Grâce aux astres, au ciel et à l’infini qui se dessinent au-dessus de nos têtes rondes, il y a des choses que l’on perçoit et d’autres qui disparaissent au rythme des jours et des saisons. Le ciel, c’est mon repère, c’est la première chose que je regarde quand j’ouvre les yeux. Ce cosmos sans fin offre des possibilités sans fin, des craintes et des rêves aussi. L’évasion est proche. La craie du prisonnier dessine des cercles (#) en guise de trait, pour signifier le nombre de jours passés, tout en admirant sa constance à être là tous les jours.

Du 17 mars au 11 mai j’ai photographié tous les jours ce que le ciel m’a offert à voir. Chaque jour est représenté par un #. Il y a eu 56 jours de confinement. Il y a 56 morceaux de ciel.

Isabelle Souriment, le 11 mai 2020

https://www.isabelle-souriment.com/

 

Jacques Fournel
Autoportrait de confinement – Mars 2020
Huile sur tirage impression jet d’encre

 

Jean Claude Millot
Colère Jaune, 01/05/2020, 100 x 200 cm, acrylique sur toile

Jean Claude Millot ne décolère pas. Mais il sait transformer son engagement en mouvement, en action, en geste créatif. Ce qui caractérise peut-être sa peinture, c’est la nécessité. Quelque chose de la survie.  Une capacité à vivre l’instant présent, à le rendre indispensable et à en faire une image parce que justement, il est impensable, trop proche, trop intérieur, indicible.  Peut-être que c’est ça être artiste, être atterré par l’image du monde, mais réagir, en fabriquer une en retour, et la donner à penser aux autres. C’est toujours après qu’on se dit : c’était bien. Dans l’instant, on est en colère, on ne comprend plus, mais on se jette dans la bataille, parce que pour un artiste, faire c’est exister.

 

Jérôme Souillot
« Somme 1 » (titre provisoire)
Acrylique sur papier. 45,5/61cm.
Mars avril 2020

Les Sommes

« C’était en cours. J’y allais de toute façon. Je m’y suis concentré. Ma table de travail était au milieu.
Sans distraction, les choses me sont revenues à la mémoire. Je l’ai ouverte comme la porte du buffet du salon et le tiroir de la table de nuit.
Je laissais venir comme le sommeil. J’ai collecté ce qui arrivait. Le discret et le flagrant. »

  

Julie Maquet
Détail d’un dessin de fourrure en cours, 2020, crayon à encre sur papier, 150 x 250 cm.

« Cette photographie est le détail d’un travail que je réalise au gré de mes envies. C’est le dessin d’une parure de poils, fait de traits noirs sur papier blanc et qui se déploie de manière aléatoire, pour envahir la surface, coloniser l’espace. »

 

 Julie Maresq
Chair(s)
Triptyque réalisé en avril 2020.

Nous nous retrouvons en famille (mes deux filles, mon mari et moi), bloqués à Nouméa, loin de Maré, l’île où nous venions de nous installer un mois plus tôt. Nous avons tout quitté en France, pour vivre, à quatre, une nouvelle vie en Nouvelle-Calédonie.
Etrangement, le Covid-19 va nous accorder un sas nécessaire. Nouméa, parenthèse entre le Nord de la France et les îles Loyauté.

Un mois pour être ensemble, trouver sa place, absorber le paysage et manger de la viande.

   

Juliette Même
Nudes

Protocole documenté d’un échange amoureux. Photographie d’un téléphone portable affichant des « nudes » de l’artiste peints à l’acrylique sur toile de la dimension de l’écran puis rephotographiés pour envoi. Ensemble de médias, d’images et d’intentions. Période de confinement, 2020.

« Ces visuels témoignent d’échanges que j’ai eus avec Rémy pendant le confinement. N’étant pas ensemble et voulant entretenir des relations intimes, il me proposait d’envoyer des « nudes » (photos sexy), ce que je refusais. M’étant remise à la peinture à l’occasion du confinement, j’ai pensé à une alternative. Je me prenais en photo, je peignais cette image à l’acrylique sur une toile des mêmes dimensions que mon écran, pour pouvoir la reprendre en photo échelle 1, et lui envoyer. Je me sentais alors plus « préservée » à travers la peinture parce qu’elle n’était qu’une copie d’une image photographique. Comme si, en étant peinture, l’image devenait « art » et me déculpabilisait de me montrer sous ce jour-là. J’aimais aussi l’anachronisme que cela soulevait, le contraste des « nudes » provenant des réseaux sociaux avec la pratique de la peinture sur toile. »

 

Karine Bonneval
Green Afro, 2018
Photo Karine Bonneval, courtesy Galerie Laure Roynette.

Parure en feuilles de tissu, pour un wilder mann (homme sauvage) contemporain, faisant la jonction entre nature « sauvage » et société humaine…

Mais plus de naturel ici, les feuilles sont des artefacts.

  

Manuel Pomar
 » je meurs « , poster 2019, dimension variable.

« Un paysage aride, un chemin qui bifurque, un panneau sans inscription. L’absurdité de la publicité plantée dans l’aridité d’un paysage méditerranéen qui contient en lui les promesses des civilisations qui l’ont façonné et pourtant qui se cogne contre l’injonction libérale. Un paysage vertical, pris au smartphone qui retrouve son statut d’écran barré par un inventaire d’actions de navigations numérique. Navigation ou errance, voire dérive, notre temps capturé, soustraction de nos désirs jusqu’à la fin annoncée. Peut-être une injonction à l’action plutôt qu’à la dérive numérique, une invitation, simple au regard, à la contemplation et à la lecture de notre environnement.  »

 

 Marianne Plo
« Sans titre » peinture acrylique, 50 × 65 cm, 2020

Dans un monde où tout est lié, dès qu’une chose est lancée, d’autres surgissent ; le langage, les idées, les associations… révèlent alors un récit du monde. Pour moi cette période de confinement, n’a pas trop changé ma façon de travailler. Je peins à peu près n’importe quoi frénétiquement, nécessairement et mon style se cherche sans cesse. Mais les thèmes eux ont changé lors de ce confinement, certains éléments évoqueront la peinture surréaliste, un imaginaire de science-fiction, mais aussi des questions liées à la nature. Ce qui m’intéresse, c’est le rapport entre deux images, le glissement comme de l’abstrait vers le figuratif. J’évoque dans cette image une certaine étrangeté, ambiguïté : en quête de lumière pour observer les mystères de l’existence. Peindre comme prendre des notes d’un temps en retrait comme suspendu, des spots de lumières dans des mondes parallèles…

 

Nicolas Daubannes
Le HMS Discovery
Dessin à la poudre de fer aimantée, 2020

Dessins inspirés des navires de guerres démunis de moyens de navigation pour devenir des bâtiments de servitude : prisons flottantes. Aussi appelés « Pontons », ils étaient en usage à la fin du XVIIIe et début XIXe, il existe aussi des structures flottantes contemporaines.
Pour ce bateau précisément : Le HMS Discovery, converti en ponton à Deptford. Lancé en tant que sloop de 10 canons à Rotherhithe en 1789, le navire a servi de ponton de 1818 jusqu’à sa destruction en février 1841. (Source wikipedia)

  

Océane Moussé
Les traces persistantes du pli, 2020, 75 x 100 cm
Encre de Chine sur papier

 

Dans les plis de nos intérieurs, les paysages du dehors se froissent, se tordent, s’évaporent.
L’immensité, silencieuse et fragile, est mise en tension par l’idée d’une réalité éphémère.
Dépliant la mémoire en dépliant les plis du terrain, c’est la transpiration d’un monde balayé de flux permanents qui apparaît, une réalité qui en cache une autre.
La perte de repères, l’errance, le vertige, le basculement, l’inéluctable, l’apesanteur, la chute sont autant de notions qu’Océane Moussé cherche à développer au travers de ses dessins et de ses installations.

 

Olivier Notelet
« Le corps social », 2020

Quand les têtes se multiplient et que les jambes n’avancent plus

 

Sophia El Moktar
V8 by On The Rocks, 2020. Peinture acrylique, 75cm x 114cm.
Peinture réalisée durant la performance V8 par « On The Rocks » pour Zoom Your [Frasq] #5

Je voudrais faire une perf’ sur le son des moteurs V8. Et aussi ouvrir des portes de grosses américaines, les pénétrer, me mettre au volant, les allumer l’une après l’autre. Vvvvvvra-Maouuuuuummmaou Me filmer faisant ça. Non-stop à la chaîne les grosses bagnoles. Après la Frieze je m’attaque aux Ford Mustang, aux Dodge, aux Cadillac, aux Buick, aux Chevrolet, aux Lincoln, aux Plymouth. Ça… si je fais ça, ma vie sera transformée à tout jamais, l’image que j’ai de moi aura migré vers un truc limite « divinité ».

Los Angeles, 12/02/20 Extrait de paysagesinterieurs.com

 

Stéphanie Barbon
Plus floral qu’aérien (IV), 2 avril 2020, aquarelle et crayons de couleurs, 42 x 29,7 cm

Ma pratique graphique et picturale se développe autour des notions de transformation et de métamorphose du paysage, de la flore tout en prenant en compte le corps humain. Un univers imaginaire, poétique ou inquiétant ressort de ces compositions. Une image en cache et en amène une autre en intégrant aussi bien l’abstrait que le figuratif, des espaces vaporeux que des éléments gravés.

Ces moments éphémères, d’entre-deux m’inspirent : des cheveux en mouvement qui se cristallisent, une flore qui devient broderie comme un papillon qu’on épingle, des couleurs nébuleuses proches de pigments d’ailes de papillons s’échappant dans les airs ou encore un va et vient végétal et coloré provoqué par le vent…

 

Valérie Du Chéné
Absorbeuse, pierre calcaire peinte, 2016, extrait d’une série de 8 pierres immergées à Cerbère en méditerranée.
Crédit photo : Jacques Fournel

Dans l’eau, les couleurs disparaissent progressivement. Elles sont absorbées petit à petit en fonction de la profondeur, en commençant par le rouge et en finissant par le bleu. Performance réactivée en 2020 pour le film « Un ciel couleur laser rose fuchsia » de Valérie du Chéné et Régis Pinault.

 

Véronique Barthe
The Confine Bag
Printemps 2020
He venido al desierto
La jaula de oro
Bathing in the rain
Fantaisie au clair de lune

4 photos extraites d’une série de 36 vues, réalisées avec un smartphone en position selfie et retardateur, diffusées régulièrement sur les réseaux sociaux pendant le confinement.

De passage à Paris le dernier week-end avant le confinement, Véronique Barthe visite l’exposition d’Erwin Wurm à la MEP. Le lundi, elle est de retour dans sa maison, dans le Tarn. Le mardi 17 mars, elle pose son téléphone sur un pied bricolé et se prend en photo « mode Wurm », envoie ses images aux amis ou les poste sur son compte Instagram. Le lendemain, elle commence la série The Confine Bag.

Emballée façon paquet de Lustrucru en vadrouille, la plasticienne met en scène, durant les premiers jours de ce repli forcé, ses velléités d’évasion, vaines tentatives, absurdes et drôles. Ses images nous placent devant des horizons depuis longtemps désenchantés. Parking, supermarché, infrastructures : l’enfermement est à l’extérieur et la vie, ailleurs. Délaissant ces espaces mortifères, elle s’échappe alors à travers champ sur les sentiers buissonniers de ses états intérieurs. On la suit dans des rêveries solidaires, mélancoliques. D’échappées désobéissantes en fantaisies douces, nous voici, la tête, le cœur et le regard, déconfinés malgré l’injonction.

 

 Yoyo Gonthier
Et maintenant accepter le fleuve, 2020

 

Marie Sirgue
Anoroc, 2020

Cette affiche reprend une invitation de discothèque, en lettre noire et grasse sur fond de couleur fluorescente.
Tous les artifices sont ici réunis pour tenter d’accrocher notre regard, mais l’écriture inversée rend la lecture presque illisible. Cette invitation n’est qu’un leurre qui ne trompe personne, servant juste à souligner cette période bien singulière où les événements les plus communs deviennent des moments rêvés.

 

Pierre Lebas
La faneuse « Confinement n°39 » – 25 avril 2020
Graphite et crayons de couleur sur papier
Format 21X14,5 cm

La faneuse

Impatiente
Résignée
C’est comme un ancien voyage
Onirique
Non, bien réel
Soif, elle a soif
Et ce drap dans la bouche
Qui l’empêche
L’empêche
L’empêche encore
Dans ses silences incolores
La liberté s’agenouille
Les médias flottent aux égouts
Ils veulent lui prendre sa dernière fleur
Elle était une faneuse
De pensées
De silence
L’oméga de la réussite
Et voilà
Elle se sent appât
Seule
Dégueule sa couleur
Quête la lumière
Hurle et jure

 

Chiara Mulas
Masques de confinement
56 Masques-performances

Les 56 commentaires que l’artiste a fait pour chaque masque.

Il est désormais impossible d’acheter des masques en pharmacie.

PAS DE SOUCI !

1°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : « SU BOE » de Ottana-Sardaigne.

2°JOUR DE CONFINEMENT

Aujourd’hui : Masque en papier Chiara made in Sardinia.

3°JOUR DE CONFINEMENT

Aujourd’hui : Masque Monument aux morts de COVID-19.

4°JOUR DE CONFINEMENT

Aujourd’hui : Masque-Bâillon pour les insurgés qui réclament les masques.

5°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Merci pour les médecins et les infirmiers en tranchée.

6°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Anti-Mensonges des chiens de garde.

7°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque en faveur du Confinement Total…autrement, Dieu reconnaîtra les siens.

8°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de Réflexion : Comment s’en sortir sans sortir ?

9°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-On est là ! N’oubliez pas, nous sommes toujours là. Nous sommes désormais des milliards !!!

10°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de géolocalisation à haute précision. À quand le bracelet électronique ?

11°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Restez chez vous. Pour les autres :

www.demande-logement-social.gouv.fr votre demande sera traitée dans le plus brefs délai…

12°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masques-Bas les pattes !

À propos des dégâts collatéraux du confinement…

13°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Tempus Fugit…

14°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque en forme de Reliquaire.

Pour nos anciens morts dans les HEPAD, exclus par les statistiques d’État…

15°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Armure pour la guerre des 60 heures.

À propos de certains droits du travail qui mutent à l’image du virus…

16°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque pour les causes désespérées…

Quand le virus se prend pour un roi et fait un coup d’État à

Budapest-E

17°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Euro-Bombes.

À propos de reconversion d’une certaine industrie, qui tourne à plein régime pendant la pandémie…

18°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Alan Kurdi.

À propos d’un petit bateau, qui sauve tout seul les poissons égarés de la Méditerranée…

19°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque du doute cartésien.

Sur ce fumier qui nous submerge, peut-on espérer de faire pousser la fleur du changement ?

20°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Le roi est nu.

Miroir mon beau miroir, qui a le Conseil Scientifique/Care le plus transparent du Royaume ?

21°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Reine à la sucette.

Le peuple réclame la Chloroquine ?

Dans le stock d’Etat il nous reste que du Clonazépam…ça ira ?

22°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Coup de blues.

Tout changer pour ne rien changer…ou l’enfermement dehors… !

23°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de haute protection FFP-A.G.

« Istruitevi, perchè avremo bisogno di tutta la nostra intelligenza.

Agitatevi, perchè avremo bisogno di tutto il nostro entusiasmo.

Organizzatevi, perchè avremo bisogno di tutta la nostra forza ».

A.Gramsci 1°maggio 1919.

24°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Merci pour les Éboueurs.

Camarades ! N’oubliez pas de ramasser les ordures à l’Élysée et à Matignon ! Merci !

25°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de Requiem.

SILENCE.

26°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-hommage à Socrate « Je sais que je ne sais rien… »

Bientôt les demi-experts et les faux-sachants de la Télé-Macronie, vont nous livrer le vaccin contre le Covid-19.

27°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de la Désobéissance.

Bonnes Résurrections y compris et surtout aux corbeaux délateurs…

28°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Doliprane 1000 mg.

En attendant le discours du Petit Marquis Poudré…

29°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-du confinement à la niche ?

À force de jouer avec la queue du lion, on risque de se faire mordre…

30°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Rébus pour le Me(R)def.

 » Volem rien foutre al païs! »

31°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Carte Postale clandestine pour ma mère, confinée en Sardaigne.

Bientôt il va falloir apprendre à communiquer comme les maquisards…

32°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de réflexion extrême pour un déconfinement en forme de Caracols.

« Les indiens étaient « invisibles », inexistants. Paradoxalement, c’est en masquant nos visages qu’on nous a vus et que nous sommes devenus visibles. »

Cit. Subcomandante Marcos.

33°JOUR DE CONFINEMENT

Aujourd’hui : Masque-The Show Must Go On !

« Dans un pays où l’on dresse une statue

Pour la liberté

Seules les statues sont libres. »

Extrait du poème Graffiti de Serge Pey.

34°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Une hirondelle ne fait pas le printemps.

Nous ne voulons pas le printemps, nous voulons le Temps des Cerises !

35°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Power Point.

Con-férence de presse sans la presse : ou comment perdre encore une fois, une bonne occasion de se taire…

36°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Acide.

Même La Madame La Si-Nistre du travail, s’est mise à la cuisine pendant le confinement, dommage que sa recette ne soit toujours la même : Citrons pressés !

37°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Foie Gras.

Le gavage consiste à enfoncer un tuyau de 20 à 30 centimètres dans l’œsophage de l’animal pour lui administrer, de force, d’énormes quantités d’aliments. C’est ainsi que l’on obtient un foie gras, autrement dit, un foie hypertrophié atteignant jusqu’à 10 fois sa taille normale.

38°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Pédagogique.

En Macronistan, les élèves participent à l’effort national et au sacrifice des 5 fruits et légumes par jour.

39°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Je pète un câble !

Du PLAQUENIL au PROZAC…TOUT DOIT DISPARAÎTRE !

40°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Bella Ciao.

25 AVRIL : BONNE LIBÉRATION, BONNE RÉSISTANCE !

41°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Le Rouge et le Noir.

La ministre de la culture allemande Monika Grütters, débloque 50 MILLIARDS d’euros pour soutenir les artistes et la culture face à la crise du Covid-19. Le gouvernement français 23,5 MILLIONS d’euros.

Comment s’appelle-t-il déjà l’actuel ministre de la culture en France ?

42°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Wall Street Bull.

« DE PROFUNDIS CLAMAVI AD TE… »

43°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Immunité du troupeau.

« Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour leur boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois.

Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »

Octave Mirbeau. La Grève des électeurs.

44°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Divinatoire.

J’ai tiré le Tarot pendant le discours du premier ministre car seul l’invisible parle clair.

Résultat : L’Hermite.

Aujourd’hui c’est le jour 44 du confinement, j’ai donc consulté la « Smorfia » de Naples afin d’écarter tout doute.

Résultat : Le 44 est associé à La Prison.

Si je gagne au loto, Champagne pour tous !

45°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque de l’injonction paradoxale.

Voilà résolu le dilemme pour la reprise de l’école :

15 enfants par classe et 15 à l’hôpital.

46°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque du 1° Mai.

Pas de muguets pour les travailleurs confinés, mais l’églantine rouge est toujours mobilisée !

47°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque 02.

Les 8.500 respirateurs Osiris, fabriqués grâce à Air Liquide, sont utiles uniquement dans les ambulances, mais pas dans les salles de réanimation…et alors? On peut toujours les utiliser pour gonfler les ballons !

48°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Notre Dame du Secours Populaire.

Covid-19 maladie des pauvres : Solidarité, partage, entraide.

49°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Mélancolique.

Bientôt la nature va perdre ses droits.

Le vieux monde est devant nous…

50°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque vert espérance.

Voici en avant-première la vraie carte du déconfinement.

Tiens, tiens ! Encore du rouge au n°55 de la rue Faubourg-Saint-Honoré…

51°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Pause Évasion.

Il y a les confinés et ceux qui ne sortent jamais.

72.600 détenus en France au mois d’avril 2020.

La garde des Sceaux ouvre les portes des prisons à 11.500 personnes en fin de peine.

Sauf : George Ibrahim Abdallah, le plus vieux prisonnier politique d’Europe, enfermé depuis 36 ans dans la prison de Lannemezan… puis il y a les Basques, les Corses, les Catalans les Gilets jaunes…pas de 11 mai pour eux!

52°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Hommage à la Bretagne : Frankiz breizh ar mor.

Le peuple breton appelle à libérer les plages, le cri du goéland aujourd’hui est la Blanche Hermine. Rendez la mer aux bretons !

53°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Baroque.

Les 7 de l’Ave Marie ont parlé : Ite missa est.

Le 11 mai nous pouvons sortir à condition de boire beaucoup d’eau…

54°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque Apotropaïque.

Le bestiaire engendré par le Covid-19, dépasse l’iconographie animalière du Moyen Age : Nous avons le chacal, le délateur, le menteur pathologique, le chien de garde, le répresseur, le propagandiste, l’usurpateur, l’expert mythomane, le complottiste, l’illuminé, le fabricant de fake news..

Liste non-exhaustive à compléter…

55°JOUR DE CONFINEMENT :

Aujourd’hui : Masque-Amulette contre le mauvais œil.

Le Gouverneur de la Sardaigne Solinas, cher ami de Salvini, aux masques il préfère le bâillon.

Envoyés en tranchée sans protections, comme chair à canon, les médecins et les soignants des hôpitaux sardes, emportent un record national dramatique à cause du nombre très élevé de contaminations. Aujourd’hui en pleine phase 2, la Sardaigne est classée parmi les régions d’Italie qui manquent de test de dépistage. Peu importe à « Salvinas », c’est plus urgent de rouvrir les églises ! Peut-être qu’aux prochaines élections les sardes s’en souviendront… ???

Aujourd’hui : Masque du 11 mai pour voir de près le déconfinement.

Ce dernier masque pour ne pas oublier qu’il faut rester plus que jamais vigilants, lucides, critiques et toujours résistants.

 » Il n’y a rien au monde de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l’injustice. La liberté est donc naturelle ; c’est pourquoi, à mon avis, nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. »

Discours de la servitude volontaire (1576) Étienne de la Boétie.