Exposition-hommage à Jean-Claude Millot au Garage Portet à Palaminy

Du 17 juillet au 17 septembre
Pour la quatrième exposition au garage Portet à Palaminy, c’est Jean-Claude Millot qui est invité.
Exposition hommage, témoignage, reconnaissance.
Jean-Claude Millot était artiste et acteur de la vie culturelle locale, à l’initiative de nombreux projets.
Il faisait aussi partie du conseil d’administration de PAHLM.
Jean-Claude est apparu dans de nombreuses vies. Sa gentillesse, sa générosité, son humilité ont créé autour de lui un halo d’amitiés nombreuses dans le partage de moments festifs et créatifs. Il est apparu dans nos histoires, les traversant en laissant ses empreintes que sont ses peintures, ses dessins, ses projets.
Ces 3 toiles montrées ici, dont « La colère jaune », la dernière peinte pendant le premier confinement en 2020, sont un choix personnel qui veut témoigner partiellement de ses recherches.
Commençant la toile par des fonds abstraits, des jus de couleurs qui organisent le plan, il faisait « remonter » le motif, la figure.
Refaire surface. Un souvenir réapparait, lointain, dans un songe, et qui à force d’insistance finit par se matérialiser furtivement pour disparaître aussitôt. C’est ce moment furtif qu’il essayait de matérialiser.
Apparition, disparition, figuration, abstraction. La fumée, les nuages, la neige, le sombre d’un bois, l’opalescence d’une eau, permettent de questionner ces sujets. Indistinction entre une présence et une absence. Nous savons que le sujet est là mais qui parfois n’apparaît pas. C’est alors à nous d’en faire la recherche, de questionner nos souvenirs, faire épanouir depuis nos songes, une matérialité que nous seuls connaissons et qui va se projeter dans l’espace de l’absence, sur l’écran que devient la toile.


L’autoportrait, rare dans son travail, est une apparition. Il tient d’une épiphanie christique. C’est un suaire, l’empreinte éternelle du visage d’un personnage missionné pour nous dire quelque chose. Là encore, pas de figuration du verbe, mais la possibilité pour chacun d’investir ces lèvres closes du texte qui est en nous. Cet autoportrait n’est pas montré dans cette exposition. Il était devenu son image sur les réseaux sociaux.
Cette grande colère jaune dit beaucoup de l’artiste. Dit sa propre colère, intérieure, et celle engagée contre l’injustice dont il a été peut-être la victime dans le peu de reconnaissance institutionnelle mais surtout empathie avec tous ceux qui se sentent délaissés, floués, exploités ou marginalisés.
La simplicité et le dénuement dans lequel il vivait, dans sa maison/atelier, disent la capacité de certains artistes à se confondre avec leur travail, leur recherche plastique. La vie de l’homme et la vie de l’artiste mêlés pour le meilleur et pour le pire. Le corps même, atteint par les effluves des peintures à l’huile respirées nuit et jour. La peinture qui attaque dans sa chair et absorbe celui qui trop s’en imprègne.
Le corps de l’artiste passe alors du réel à l’intérieur de l’abstraction du tableau, ingéré. Il entre physiquement dans la toile et devient le motif qui apparait.
Jean-Claude Millot n’est plus là physiquement à partager nos vies, mais demeure dans nos souvenirs, dans nos rêves et dans notre présent. Sa vie-travail, s’est diffusée en chacun de nous, entre abstraction d’un monde parfois incompréhensible parce que trop injuste, incohérent et figuration d’un rêve de monde meilleur que chacun porte aussi en soi.
Le personnage jaune, c’est peut-être Jean-Claude, ou bien celui pris dans le tourbillon blanc.
Parfois dans la révolte, encore dans les nuages, déjà dans la fumée, pour toujours dans notre ciel.

Carl pour Jean-Claude