Résidence du 9 au 21 septembre puis du 7 au 26 octobre.
Ici, l’objet proposé par les artistes ne sert pas à en produire un autre. Il documente des gestes, une méthode, un savoir-faire. Les moules reproduits en faïence et cuits en un seul bloc unissent et cèlent les différentes parties des moules originels et annulent donc la fonction matricielle du moule.
Le titre proposé par les artistes « Réunion » raconte peut-être la fin d’un certain âge d’or de la faïence et la perte des emplois dans les manufactures, phénomène global et déclin d’un modèle remplacé par la production de masse et la grande distribution.
C’est aussi simplement réunir des moules qui se côtoyaient sans dialogue, et ici, il y a même symbiose.
Les artistes ont aussi proposé l’assemblage comme une forme mobilière, des genres d’assises. Il y a dû en avoir des réunions d’ouvrières et d’ouvriers impuissants devant les changements imposés et qui ont fini par s’asseoir sur leur outils de travail.
Cet objet est aussi mémoriel, hommage aux femmes et aux hommes qui ont consacré leur vie à la reproduction traditionnelle d’un savoir-faire, mais aussi un objet en équilibre, et qui bascule vers l’après de la tradition, vers quelque chose qui va peut-être advenir. […]
Il a fallu fabriquer un objet (le moule) pour en fabriquer un autre (vase, assiette, …). Il a fallu fabriquer des outils pour fabriquer le moule qui a fabriqué l’objet. Dans cette chaine de fabrication/production/reproduction, les artistes ont placé cet objet supplémentaire, un geste inadéquat dans un système normé.
Créer, c’est ça, c’est placer un objet supplémentaire, faire un geste, se décaler, déhancher la pensée.