Aureline Caltagirone « Mythologie ordinaire », céramique/art contemporain, galerie du Lycée Martin Malvy. Jusqu’au 26 janvier 2024.

1 Aureline Calatagirone à Récobrada web
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Martres Tolosane a accueilli pour la troisième année consécutive une résidence d’artiste du 11 au 23 septembre puis du 9 au 28 octobre.
Aureline Caltagirone a été choisie par un jury citoyen pour venir pendant 5 semaines développer un projet et proposer des collaborations aux publics. Le Lycée Martin Malvy et les écoles proches se sont associées aux recherches de l’artiste.

Mythologie ordinaire

« Je me suis intéressée à la technique du moulage, dont les gestes sont ancrés dans la mémoire collective de Martres, pour réactiver des objets aujourd’hui désuets, obsolètes et abandonnés à Récobrada par les habitants du territoire.
En travaillant sur des systèmes d’arrangement et d’assemblage de manière improvisée et empirique, et sur le mode d’une archéologie expérimentale, je m’efforce de construire des archives d’objets fictifs.
La disparité des formes et des matières est unifiée dans la matière et la couleur. Se dessine alors des outils spéculatifs, qui laissent apparaître une culture et des modes de vie parallèles.
Ces sculptures sont des présages et des formes d’anticipations. Elles interrogent notre relation aux objets et tentent de souligner le caractère évolutif des comportements humains. »
Aureline Caltagirone

Aureline Caltagirone est restée 5 semaines en résidence à Martres Tolosane, logée par la commune, elle a partagé le quotidien de l’atelier « Terres d’avenir » avec Dorine Cavagnal au cœur du village. Plus qu’un partage, leur cohabitation est devenue aussi une collaboration.

Quatre typologies de sculptures sont apparues : les capsules temporelles, les architectures, les accumulations et les outils spéculatifs.

Ce sont des histoires composées, complexes, des strates de l’histoire locale accumulées dans le désordre du temps mais dans un ordre formel.  Les capsules temporelles que sont ses « Time Capsules » ne seront pas envoyées dans un vaisseau spatial mais vont circuler parmi nous. Elles deviennent témoignage d’un certain réel commun sans être appropriable pour autant.

Les architectures, directement exhumées du territoire, sorte de maquettes de villes fictives,  sont des moulages en céramique de parties de moules en plâtre de la faïencerie du Matet aujourd’hui disparue. « Antre de Chiragan », elles sont des images fantôme rendues aux vivants. Il nous semble les reconnaitre sans les avoir jamais vues, dans doute parce qu’elle reproduisent des formes des vestiges de la Villa Romaine locale, formes que tous nous avons intégrées parce qu’elles font partie de notre territoire et y sont fondations et fondements.

Accumulations non pas des objets eux-mêmes mais de la mémoire que nous en avons, les « Agrégats domestiques » sont des concrétion mémorielles. Des tableaux pièges d’usages, figés dans le temps et dans la terre, comme l’après d’un quotidien atemporel, fixé éternellement par une catastrophe redoutée.

Le fantomatique est présent là encore dans ces outils spéculatifs que sont les « réminiscences ». Ce bleu velouté, marqué du sceau du vide, du ciel, de l’air. Cette famille d’objets bleus dont la couleur, tellement puissante, seule, en supprime l’usage.

Ces formes inventées sont ce qu’elles sont et reviennent au source du design que sont  peut-être l’art et la poésie.

Ce sont des objets qui résolvent tout, des objets parfaits, puisqu’objets rêvés, poétiques, objets sans objet, objets qui ne servent à rien d’autre que ce qu’ils désignent. Des objets poèmes.

Dès son arrivée, Aureline a « vu » plus qu’observé. Elle a vu les moules de l’ancienne faïencerie du Matet avec leurs élastiques noires en lanières de chambre à air, le dessin des fouilles de la villa romaine de Chiragan, plan des fondations découvertes puis ensevelies, les objets anciens à la ressourcerie Récobrada et des morceaux de jouets abandonnés. Elle est venue au Lycée Martin Malvy animer des ateliers avec les élèves de la section céramique. Elle est intervenue à l’Ehpad Jeanne Penent de Cazères. Elle a vu le potentiel créatif d’un dialogue intergénérationel autour de l’objet.
Ce fut un travail de l’œil et de la main et une écoute sensible de l’environnement.
Elle a prélevé des objets, des formes, des paroles, des activités et de l’histoire locale.
Quand en faisant, en plongeant sa main dans la terre et le plâtre, le projet et sa forme nait. Qu’ après les repentis et les renoncements, les épiphanies et les hasards, les contraintes et les volontés, au-delà d’une conscience du faire, la composition apparait dans son évidente nécessité.

Carl Hurtin

Hybridations, stratifications, accumulation, … d’autres formes naissent alors d’un langage et d’un vocabulaire contemporain.
La même matière pourtant, mais produisant des signes et des objets qui interrogent notre société et nos comportements parce qu’informée de la pensée d’aujourd’hui, intrinsèquement étonnée du présent qui la devance.
Penser la matière ne peut se libérer ni des contingences du matériaux ni du contexte matériel et temporel.
Et gageons de la prescience des artistes.