Résidence d’artiste à la ressourcerie Récobrada avec Julie Maquet

  • Date : Du 31 janvier au 29 février 2020
  • Lieu de résidence : Ressourcerie Récobrada à Cazères sur Garonne. Haute-Garonne, Occitanie.
  • Disciplines : Arts plastiques

 

PAHLM et la ressourcerie Récobrada se sont associés pour proposer une résidence d’un mois à un(e) artiste.

Récobrada va fêter en 2020 son 5ème anniversaire. Cette ressourcerie, aussi chantier d’insertion (12 salariés sous contrat et 5 salariés permanents), est un lieu de tri, de valorisation, de revente, de transformation créative, de réemploi et de recyclage.

Au XXème siècle, l’objet, passé de la fabrication artisanale à la manufacture, devient production de masse. Des catalogues de ventes par correspondance à partir de la fin du XIXème siècle jusqu’à la vente en ligne, l’objet ne cesse d’envahir notre quotidien jusqu’au surplus, au gaspillage et à l’impossibilité de traiter nos déchets ménagers et industriels. Le concept d’anthropocène déjà irréversible par essence confine au suicide collectif avec la disparition systémique d’espèces et le réchauffement climatique. L’apparition d’une nouvelle géographie, d’une écologie bouleversée, (collines et creusement des zones d’enfouissement, 7ème continent de déchets plastiques dans le pacifique, …) préoccupe et menace. Une rudologie contemporaine en dirait beaucoup sur nos habitudes de consommateurs et notre aveuglement collectif.

Mais de nombreuses initiatives citoyennes, sociales et solidaires s’impliquent dans le traitement, la valorisation et le réemploi des déchets. Cette nouvelle économie militante, entre engagement social et écologique, vient proposer des solutions immédiates et appropriables tout en activant du lien social.

Ainsi, que peut dire un artiste de ces phénomènes contemporains, comment observe-t-il les objets et leurs vies, quel est son engagement et comment l’art contemporain peut-il prendre part à ces réflexions.

L’artiste en résidence, Julie Maquet, a eu à disposition toute la matière et le matériel de la ressourcerie ainsi que l’ensemble des locaux et des différents ateliers.

L’artiste a laissé une œuvre à Recobrada et a participé avec deux installations à l’exposition collective L’objet, revu et corrigé en prolongement de la résidence.

A la suite de l’appel à candidature pour la résidence à Récobrada, Julie Maquet a été retenue parmi 70 dossiers reçu et choisie par Récobrada parmi trois dossiers sélectionnés.

Elle a su dès le premier jour de sa résidence choisir des matières et des matériaux. Pendant des jours, infatigable, elle a coupé, tronçonné, lié, tressé, noué, assemblé… Elle a appliqué un certain nombre des injonctions sculpturales de Richard Serra pour éclater les formes des objets, des matériaux, pour les transformer en une fantasmagorie toute personnelle.  De cette matière détournée sont nés d’autres objets. De la gaine électrique s’est mutée en centaines de bâtons de dynamite, du câble électrique en mèche. Un gros paquet de dynamite comme une proposition première de repousser définitivement les barrières de l’espace pour le remplir avec des formes nouvelles. Puis les skis, découpés en petits tronçons, percés, puis réassemblé avec du fils nylon fluorescent. S’il y avait un rapprochement avec le dessin, autre pratique qu’elle affectionne, ce serait ce geste-là, de rassembler les extrémités avec un trait, et de le répéter infiniment, de réunir par le graphite des points invisibles du réel, qui nous semblent alors avoir toujours été là, enfin vus parce que révélés. Julie Maquet répare après avoir détruit. Elle balaye, puis rassemble les poussières et ça devient sculpture. Elle crée un monde organique et chaud de qualités plastiques à partir du presque rien qui nous entoure, d’objets qui ont aussi le moins de qualités plastiques possible et qui ne sont à priori que fonctionnels. Pour revenir aux deux propositions principielles de la sculpture, creuser dans un bloc ou accumuler de la matière, par soustraction ou par addition, on pourrait dire que Julie Maquet les accomplit successivement en les associant par un geste simple et affirmé qui transmute l’objet. Julie Maquet est donc une alchimiste et l’or qu’elle nous propose est un réel réorganisé, un monde neuf.

>>> Exposition “L’objet revu et corrigé”